Mars 2021
Écrit par: Ruth Miller, cliente SCO 

JE PEUX ENTRENDRE LES OISEAUX CHANTER POUR MOI!

woman smiling and sitting outdoorsIl y a quelques années, lors d’une conversation avec mon mari Eric, à propos d’un délicieux repas que j’ai pris au restaurant, quelque chose est devenu clair. Il a mal compris la plupart de ce que j’avais décrit. J’ai réalisé qu’il avait une certaine forme de perte auditive et qu’il était temps pour les appareils auditifs. Après de nombreuses hésitations, il les a finalement eues, mais il ne les a pas beaucoup portées. Je comprends maintenant à quel point c’est fréquent. 

En même temps, j'ai également décidé de faire tester mon audition. Les résultats ont révélé que mon audition n'était pas mauvaise mais pas non plus dans les registres supérieurs. Le plan était de vérifier à nouveau un an plus tard et de faire un autre test, ce que je n'ai pas fait. Quatre ans se sont écoulés et mon audition s'est détériorée. J'ai eu du mal à comprendre le dialogue au cinéma et mes petites-filles adolescentes, que j'accusait de marmonner.
Puis la pandémie a frappé. Soudain, tout le monde portait des masques et je ne pouvais plus lire sur les lèvres. Je me suis retrouvé à dire: « Pardon? Pardon? Pardon?"

Puis, à l'été 2020, arrive la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'étais au chalet et mon fils Daniel était là. C'était le jour où Joe Biden devait annoncer son colistier. Daniel est entré dans le salon et je l'ai entendu dire: "Un couple de hérons!"

C’est inhabituel, ai-je pensé. Ce sont pour la plupart des créatures solitaires.

J'ai dit: « Quoi, Daniel? Vous avez vu deux hérons ensemble? »
"Maman!" répondit-il avec exaspération. « J'ai dit: Kamala Harris! » 

Nous avons bien ri, mais je savais que c'était un signe. Mes trois fils me proposaient d’essayer les appareils auditifs depuis des mois. Finalement, j'ai accepté. 

Je me suis dirigé vers les Services Canadiens de l'Ouïe à Toronto, où un jeune audiologiste sympathique a fait des tests, incluant une évaluation pour identifier le niveau de ma perte auditive, ma capacité à entendre certaines consonnes et à entendre une conversation avec des bruits de fond. 

Quand ce fut fini, il m'a assuré que ma perte auditive était dans les registres supérieurs et qu'elle était liée à l'âge. Je pourrais revenir dans un an si je voulais attendre. J'ai hésité.

J'avais pensé que je pourrais éviter le besoin d'avoir un appareil auditif. Je porte des lunettes, mais qui n'en a pas? Les lunettes sont portées par des personnes de tous âges. Mais les appareils auditifs représentaient un signe que l’on vieillit et que nos facultés diminuent. L'idée que je pourrais en avoir besoin était une humiliation à la vision de moi-même, étant une personne énergique et je le suis encore à 81 ans. Je ne pensais pas être rendue à cette étape de la vie, encore moins à mon âge.

Mais quand l'audiologiste m'a dit que la perte auditive peut affecter la densité du cerveau, et que j'ai lu l'affiche sur son mur reliant la perte auditive à la démence, j'ai dit: « Apportez-les. » L'avantage que j'ai eu, c'est que je pouvais avoir des appareils auditifs rechargeables – je n’ai pas besoin de me battre avec des piles minuscules et compliquées. 

Six semaines plus tard, je suis retournée aux Services Canadiens de l'Ouïe pour récupérer mes nouveaux appareils. L'audiologiste m'a montré comment les porter, comment les nettoyer et comment en prendre soin. Il a dit que j'apprenais vite. Le plan était de faire un suivi un mois plus tard.

La plupart de ma famille est soulagée, je suis devenue fière, quand même un peu inquiète, de porter des appareils auditifs aux oreilles. J'attendais avec impatience de pouvoir mieux entendre. 

Mes mains ont tremblé le premier matin alors que je fixais mes nouveaux appareils en place et que je me rendais dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner.

L'eau du robinet de la cuisine ressemblait à des chutes du Niagara. Le journal qui froissait et craquait en l'ouvrant. À la porte du réfrigérateur, j'ai soudainement entendu quatre bips forts dans mes appareils auditifs. J'ai paniqué. Oh mon Dieu, j'ai pensé que c'est un avertissement à propos de quelque chose, mais quoi? Puis, j'ai réalisé que c'était seulement ma cafetière qui me disait que le café était prêt.

Soudainement, il y avait tant de bruits auquel je devrais m'habituée! Tout bruissait, cliquait, bipait, sifflait et grinçait d'une manière que je n'aurais jamais cru possible. Au moment où j'écris ceci, les touches de mon ordinateur cliquent joyeusement.

Je reconnais maintenant malgré ma perception de moi-même comme personne énergique mais aussi d’accepter que l'âge me rattrape. Mais je suis reconnaissante que la technologie puisse améliorer, réparer ou remplacer mes signes de vieillesse. 

Mes mains ne tremblent plus lorsque je mets mes appareils auditifs et le monde devient plus positif la minute où je les mets.

Mon mari Eric est décédé il y a deux ans. Ses appareils auditifs étaient rarement retirés de la boîte dans laquelle elles sont arrivées. J'aurais aimé qu'il soit là pour me voir enthousiaste avec ces merveilleux appareils. Je lui dirais combien il est important de les porter. Je pense qu'il serait prêt à essayer aussi.

Je sors maintenant pour une marche, avec mes aides auditives. Le soleil brille et les oiseaux sont dans les arbres. Je les entendrai chanter. Je sais qu'ils chantent pour moi.